top of page
Rechercher
Photo du rédacteurLe Compatriote

Véronique Louwagie (LR) s'exprime après sa défaite à la COMFI

Ex-candidate à la présidence de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, Véronique Louwagie, députée Les Républicains, nous a accordé une interview sur le rôle de la Commission, les coulisses de l'élection et l'avenir de son parti.


Vous avez été réélue députée de l’Orne, pourquoi vous êtes-vous représentée, et pourquoi pensez-vous que vous avez gagné ?

Le résultat des élections présidentielles est l’expression d’une certaine colère, mais aussi d’une fracture franche entre les territoires, les générations, les valeurs, mais aussi les héritages et l’avenir. Ainsi, au regard de l’importance des attentes et de l'urgence des solutions à mettre en œuvre, je me devais de m’engager sur certains sujets. En ce sens, j’ai axé ma campagne sur 7 points qui me semblaient primordiaux, à savoir :

• Le pouvoir d’achat

• La question des retraites

• La souveraineté budgétaire

• La souveraineté industrielle

• La souveraineté agricole

• La souveraineté énergétique

• La justice territoriale.

Si je suis aujourd’hui réélue, c’est d’abord grâce à mon ancrage local. En effet, la proximité avec les citoyens est quelque chose d’important et permet l’instauration d’une relation de confiance. Ainsi, d'abord conseillère régionale, conseillère départementale puis maire de l'Aigle, ma réélection pour ce troisième mandat est l’aboutissement de cette relation de confiance et de proximité avec mes électeurs.


Vous siégiez déjà à la commission des finances lors de la dernière législature, en quoi consiste cette commission ?

La commission des finances comme l’ensemble des commissions permanentes à l’Assemblée nationale a pour but premier de veiller à l’information de l'assemblée pour lui permettre d’exercer un contrôle de la politique du gouvernement. Cette dernière a le rôle spécifique de contrôler le budget de l’Etat. Pour se faire, ses rapporteurs spéciaux bénéficient d’un pouvoir d’investigation au travers en particulier d’un organe spécial dédié à l’évaluation des politiques publiques.


Aviez-vous décidé depuis longtemps que vous vouliez vous présenter à la présidence de cette commission, ou avez-vous été poussée par des membres des LR ?

C’est très naturellement que je me suis portée candidate pour la présidence de la commission des finances. En effet, cela faisait d’ores et déjà 8 ans que j’étais commissaire aux finances, et lors du précédent mandat, j’officiais comme orateur pour le groupe Les Républicains sur les questions de lois de finances. En ce sens, j’ai évidemment été soutenue par mes collègues commissaires aux finances, ainsi que par l’ensemble des députés Les Républicains.


Quel intérêt avait votre parti à gagner cette présidence ?

La commission des finances a un rôle majeur notamment en ce qu’elle aborde des sujets essentiels tels que le pouvoir d’achat, les finances locales, la vie des entreprises, les interférences entre pays, la recherche de justice fiscale…

Dès lors, avoir la présidence d’une telle commission représente un enjeu important pour le groupe parlementaire. Cette fonction permet de travailler trois axes majeurs à savoir, la création d’une véritable collégialité, le développement massif de nos évaluations, et enfin un contrôle plus ample de l’action du gouvernement.

Trouvez –vous, comme le candidat du RN Jean-Philippe Tanguy, que l’élection d’un membre de la NUPES-LFI à la présidence de la commission des finances est injuste ?

Juridiquement, la présidence de la commission des finances revient au groupe parlementaire d’opposition. Les 73 députés de la commission se répartissent entre 32 députés de la majorité et 41 députés de l’opposition (11 RN - 10 LFI - 8 LR - 4 PS - 3 GDR - 3 Ecolo - 2 LT)

En effet, l’alinéa 3 de l’article 39 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose que “Ne peut être élu à la présidence de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition”. Dès lors, l’élection d’Eric Coquerel, membre de la NUPES-LFI, à ce poste est parfaitement conforme à ce règlement. De plus, la présidence de la commission des finances résulte d’une élection. Dans la mesure où les députés de la majorité ont refusé de participer au vote, le résultat des 41 votants a été le suivant :

- Eric Coquerel (LFI) 21 voix

- Jean-Phillipes Tanguy (RN) 11 voix

- Véronique Louwagie (LR) 9 voix


Le suspens a régné, jusqu'à peu de temps avant le vote, sur un possible accord entre le RN et LR, pourquoi n’a-t-il pas eu lieu ?

Si le suspens sur l’issue du vote a régné jusqu’à peu de temps avant le vote, c’est avant tout parce que jusqu’à la dernière minute, les députés de la majorité présidentielle ont hésité à participer ou non au vote. Finalement, le groupe LREM a décidé de ne pas intervenir, participant ainsi à l’élection d’Eric Coquerel.


Que pensez-vous de la victoire d’Eric Coquerel ?

Il me semble qu’il est important que la présidence de la commission des finances revienne à un profil davantage technique que politique. C’était d’ailleurs le sens de ma candidature à ce poste. En effet, un profil technique donne une meilleure image des travaux réalisés par la commission, et c’est l’unique moyen d’avoir de réels moyens d’action et de créer un contre-pouvoir efficace destiné à évaluer au mieux les politiques publiques. Il serait de mauvais augure d’utiliser ce poste pour en faire un étendard politique.


Et maintenant, qu’allez-vous faire dans cette commission ?

Elue à la Vice-Présidence de la commission des finances, je fais partie du bureau de cette dernière. J’appuierai pour que notre commission s’engage encore plus dans l’évaluation et le contrôle de l’action du gouvernement. Et, sur l’ensemble des textes, je continuerai à défendre mes convictions, ainsi que l'intérêt des Français.


Vous aviez parrainé Laurent Wauquiez lors du congrès du parti Les Républicains en 2017, où il a été élu président. Le parrainez-vous lors du prochain congrès s’il se présente (Christian Jacob a démissionné le 1er juillet de ses fonctions de président, NDLR) ?

Aujourd’hui, il me semble nécessaire qu’une nouvelle génération s'approprie le parti les Républicains. Laurent Wauquiez a un profil qui pourrait correspondre. Il est important de disposer très rapidement d’un « chef » qui guide les orientations des Républicains. Dès lors, je ne suis pas opposée à le parrainer, lors du prochain congrès si ce dernier se présente.


Seriez-vous prête à voter des textes proposés par Emmanuel Macron ?

Déjà, durant la campagne électorale, j’ai indiqué que trois voies s'offraient à moi. La première est l’opposition systématique. Seulement, je qualifierai cette voie de stérile, en effet, cela reviendrait à bloquer le pays pendant 5 ans et je n’y vois aucun intérêt. L’urgence des mesures à mettre en œuvre appelle à des réponses immédiates.

La seconde voie consisterait à être vassalisée à la majorité présidentielle. Une voie qui ne me paraît pas non plus pertinente. En effet, je refuse de m’imposer ou de me faire imposer des visions auxquelles je n’adhère pas. Enfin, la troisième voie consiste à être un soutien pour bâtir une unité dont la France a besoin. Dès lors, je voterai les textes qui s’inscrivent dans l'intérêt général de la nation afin de construire une opposition constructive, et d’adopter les réformes essentielles.


A ce stade, pour vous, aucune alliance avec la majorité ne peut être possible ?

À mon sens, il existera des alliances texte par texte entre le groupe LR et la majorité présidentielle. Dès lors, tout dépendra de ce que le groupe LREM proposera. Comme je l’ai fait lors du précédent mandat, je voterai les textes qui me semblent être dans l’intérêt des Français. À l’inverse, quand ces textes ne correspondront pas aux territoires, ou qu’ils ne participeront pas pleinement à préparer l'avenir, je ne les voterai pas. À titre indicatif, durant le précédent mandat, j’ai voté pour 50% des textes, me suis abstenue sur 20% et opposée sur 30% des textes.


Seriez-vous prête à voter une motion de censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne ?

Non, en l’état actuel il me semble important de laisser sa chance à la Première ministre. En effet, durant le précédent mandat, nous avons eu à nous prononcer deux fois sur la confiance à Édouard Philippe et une fois à Jean Castex. Sur ces trois votes, je n’ai jamais voté contre alors même que la tradition veut que les députés de l’opposition votent contre la confiance au gouvernement. En revanche, j’ai maintenu ma vigilance et ai défendu les intérêts de la France et de l’Orne, et ce, sur toute la durée du mandat.


Jules Lauriet, Le Compatriote, 13/07/2022

Comments


bottom of page